Étude de l'ADEME
Ademe

économie circulaire et déchets
(Crédits de l'image : Illustration fournie par Cyclad)
En 2012, le CYCLAD profite de la mise en place de l’extension des consignes de tri des emballages aux plastiques rigides pour modifier les fréquences de collecte qui passent de C2 à C1 pour les OMR et de C0,5 à C1 pour les emballages. Le syndicat constate rapidement de bons résultats quant aux performances de tri. Devenu territoire zéro déchet, zéro gaspillage en 2014 et dans la continuité des actions menées, le syndicat décide de mettre en place une expérience de collecte incitative sur une partie de son territoire (60 000 habitants) entre 2015 et 2016. La collecte incitative consiste à rendre la collecte des emballages plus importante que celle des ordures ménagères résiduelles (OMR) non recyclables. L’objectif de l’expérimentation est de diminuer la quantité d’OMR en augmentant les performances de tri, en équipant tous les foyers en bacs individuels et composteurs, ainsi qu’en réduisant de nouveaux certaines fréquences de collecte. Ce projet affiche déjà de très bons résultats au bout de quelques mois et permet de placer le territoire en tête de son département et dans les premiers du pays, en ce qui concerne les performances de la collecte séparée.
Par cette démarche, le CYCLAD vise à être exemplaire en matière de gestion des déchets. Les principaux objectifs de la mise en place d’une démarche de collecte incitative sont les suivants :
1) Réduire les déchets ménagers résiduels
2) Augmenter les performances de recyclage
3) Maîtriser les coûts et sécuriser la collecte
Entre 2009 et 2015 :
Avant même le démarrage effectif de la collecte incitative, grâce à la communication de proximité et à la mise en place des bacs en 2015, la quantité d’emballages a augmenté de 10 % et celle des OMR a baissé de 5 %.
Entre janvier et août 2016 : sur le territoire où la collecte incitative est opérationnelle (Communauté de Communes Aunis Atlantique : 29 000 habitants)
Le taux de refus est resté constant avec la mise en place de la collecte incitative (19 % pour les bouteilles, cartons, métaux et plastiques).
Il a également été constaté une augmentation de 8,4 % des dépôts de « tout-venant » sur les 5 déchèteries du territoire de la CC Aunis Atlantique.
Satisfaction des chauffeurs réalisant la collecte robotisée (1 chauffeur seul par BOM). Cette dernière représente un vrai changement de métier pour les agents, mais l’équipe a confiance.
Les habitants ont bien accepté le passage à 2 fois par mois de la collecte des OMR grâce à une forte campagne de sensibilisation : flyer dans toutes les boîtes aux lettres, site internet dédié, réunions publiques, livraison des bacs en porte à porte.
Aucun dépôt sauvage n’a été constaté après la mise en place de la collecte incitative. Il est à noter une légère dégradation de la qualité du tri des emballages durant la période d’été.
2009 – 2014 :
2014 – 2020 :
La démarche mise en place est participative, c’est à dire qu’elle fait intervenir tous les acteurs du territoire (citoyens, entreprises, associations) à l’élaboration des objectifs et à la mise en œuvre des actions. Pour cela, un comité de pilotage a été mis en place, composé de 58 personnes, se réunissant une fois par an.
10 emplois sont dédiés à la sensibilisation sur la prévention et le tri des déchets dans le but de renforcer la communication de proximité. Des réunions publiques sont organisées dans chaque commune pour expliquer le passage aux bacs et à la collecte incitative. Ces réunions sont accompagnées de la distribution des composteurs. Les bacs individuels sont ensuite livrés en porte à porte, ce qui permet de compléter la sensibilisation. En amont de ces opérations des flyers (cf. ci-contre) ont été déposés dans chaque boîte aux lettres. Ces réunions sont également l’occasion de sensibiliser les usagers à la prévention des déchets.
La mise en place de la collecte incitative a nécessité un investissement de 1 900 000 € HT (pour 30 000 habitants) :
Ces investissements seront amortis sur 7 ans.
3 BOM SEMAT robotisées de PTAC 26 tonnes à chargement latéral des bacs (préhension de type double peigne et pince, ouverte par le chauffeur si le bac est mal positionné) ont été achetées (cf. image ci-contre), qui permettent de réduire l’équipage à un seul agent de collecte par camion lors des tournées de collecte et donc de maîtriser les coûts.
Les bacs doivent être positionnés sur un emplacement délimité par un marquage au sol avec la poigné opposée à la route et aucun obstacle ne doit se trouver à moins d’un mètre du bac. Le non respect de ces contraintes peut entraîner des problèmes de collecte (voire un refus des bacs à la collecte). Le marquage au sol est temporaire. Les consignes de placement du bac sont expliquées aux usagers lors de la livraison des bacs et rappelées sur le site internet dédié. Un document récapitulant les consignes de tri et de placement des bacs a été remis à chaque usager lors de la visite à domicile. Au démarrage de la collecte robotisée, un ripeur était présent lors de la collecte pour vérifier le bon positionnement des bacs.
Le temps de collecte a été augmenté de 30 % du fait du passage à la collecte des emballages et des OMR en bacs. Du fait de ce temps supplémentaire de collecte, il n’y a pas eu de suppression de poste. Il n’y a pour le moment que 3 BOM robotisées pour le secteur de 30 000 habitants concerné, le reste de la collecte est effectuée à l’aide de BOM traditionnelles.
Les bacs sont contrôlés aléatoirement par une personne qui effectue une tournée avant le passage du camion de collecte.
Le CYCLAD a mis en place un suivi quotidien des problèmes liés à la collecte robotisée. Chaque chauffeur note les anomalies sur une feuille de suivi qui est remise au siège en fin de tournée afin d’être saisie informatiquement. Entre février et septembre 2016, 1007 dysfonctionnements de la collecte ont été remontés par les chauffeurs. Le nombre d’anomalies par mois est en constante diminution (cf. ci-dessous). Les difficultés rencontrées sont en grande partie dues à un mauvais positionnement du bac (mauvais sens du bac : 55,1 %).
Évolutions prévues :
Le syndicat a deux objectifs principaux pour 2016 :
L’extension des consignes de tri des emballages aux plastiques souples est prévue au 1er octobre 2016.
La collecte incitative va être étendue à la Communauté de Communes Aunis Sud au 1er octobre 2016, soit 31 000 nouveaux habitants.
La collecte des biodéchets en PAP est envisagée afin de rendre la quantité d’OMR inférieure à 100 kg/hab/an.
Facteurs de réussite :
La communication de proximité et la distribution des composteurs sont des facteurs clés pour l’obtention de bons résultats de réduction des déchets en collecte incitative.
La rupture provoquée dans les fréquences de collecte a donné de bons résultats en ce qui concerne la collecte des emballages recyclables. Aucune erreur de présence d’OMR dans les bacs jaunes n’a été relevée.
Bonne réaction des habitants à la diminution de la fréquence de ramassage des OMR.
Les chauffeurs utilisant les BOM robotisées sont satisfaits du fait du meilleur confort mais également du changement de statut. En effet, il n’y a plus de contact direct avec les déchets. La collecte robotisée est apparentée à un métier plus noble. Les résultats visibles rapidement sont encourageants pour continuer l’expérimentation.
Freins :
La mise en place de la collecte incitative a demandé une forte mobilisation des équipes, notamment les soirs et week-end pour la sensibilisation des usagers.
Il y a eu un manque d’anticipation sur les changements de métier de la collecte : il est nécessaire d’apprendre à intervenir plus rapidement pour régler un problème de collecte. En effet, un usager dont le bac OMR n’est pas collecté, ne le sera que 15 jours plus tard. Il faut donc être plus réactif. La collecte incitative représente un changement de métier pour les encadrants de la collecte et pour le suivi des réclamations.
Le point négatif principal a été la chute des bacs lors des jours très venteux, ce qui a nécessité la présence d’un 2ème agent dans les camions pour les redresser. Aucune solution n’a encore été trouvée face à ce problème.
Reproductibilité :
Cette expérience est reproductible, d’autant plus facilement sur un territoire où les habitudes de tri sont déjà bonnes et où un travail de réduction des déchets a déjà été effectué. En effet, le territoire est engagé depuis 2008 dans de nombreuses actions en faveur de la réduction des déchets (distribution gratuite de composteurs, passage à l’extension des consignes de tri, nouvelles filières en déchèterie).
La réussite d’un tel projet nécessite qu’il soit structuré en plusieurs étapes et en concertation avec l’ensemble des acteurs à mobiliser. En externe, il est important de présenter et de faire valider le projet aux élus locaux mais également de présenter le projet aux services techniques des communes concernées ainsi qu’aux habitants, via des réunions publiques par exemple. En interne, la présentation du projet doit être faite aux équipes impliquées sur le terrain (collecte et déchèteries). Les modifications de tournées doivent être validées par les équipes. Enfin, la mise en place de la collecte robotisée nécessite une formation à cette conduite spécifique d’une semaine par chauffeur.
La distribution de composteurs est facilement réalisable et permet une diminution significative de la quantité d’OMR. La mise en place d’un suivi de l’utilisation des composteurs permet de s’assurer de l’efficacité de l’action.
Modification des fréquences de collecte pour rendre la fréquence de collecte des emballages ménagers recyclables "incitative" en étant supérieure à celle des OMR (C1 pour les emballage et C0,5 pour les OMR) sur le territoire de la Communauté de Communes Aunis Atlantique (29 000 habitants).
Avoir un plan de communication « solide » est important pour la mise en place d’une démarche de collecte incitative. Les élus doivent être porteur du projet global et le « vendre » sur le terrain. Pour cela, des opérations de communication régulières auprès des élus pour leur montrer les résultats obtenus peuvent être un levier important.