Valorisation de la matière organique

L’Homme prélève pour ces besoins une part de la matière organique : une partie est stockée sous forme de bois d’œuvre, une partie est consommée pour l’alimentation, une autre est utilisée à des fins énergétiques. Lui-même et l’activité agricole qu’il a développée produisent des déchets organiques : déjections, résidus agricoles et de jardin, déchets alimentaires (préparation de repas, restes alimentaires). L’intensification de l’agriculture, le développement des agro-industries et la gestion urbaine des déchets sont venus perturber le cycle de la matière organique, par l’abandon de son statut de « ressource » au profit de celui de « déchet », court-circuitant le plus souvent son retour au sol.

  • Au niveau agricole, la spécialisation entre l’élevage d’une part et la production végétale d’autre part a rompu la valorisation interne que constituait l’épandage de fumier sur les terres de culture. Cette segmentation induit des surcharges organiques polluantes d’un côté et l’obligation au recours aux engrais et autres intrants chimiques de l’autre, la fertilisation agricole n’étant plus assurée par le renouvellement des stocks d’humus et la vie dans les sols, mais par des intrants chimiques.
  • Au niveau urbain, le mélange des matières organiques à d’autres déchets en une seule collecte a conduit à leur « élimination » par incinération ou leur enfouissement. En effet, les déchets de cuisine et de table des ménages sont majoritairement collectés en mélange avec les ordures ménagères résiduelles. Si l’incinération est désormais assortie d’une valorisation énergétique, elle conduit néanmoins à la destruction de la matière organique et au relargage de CO2 en faisant disparaitre l’étape « retour au sol ».

L’effet conjugué de l’accroissement du CO2 dans l’atmosphère, de la perte de fertilité et de la perspective de la diminution des ressources servant de base aux engrais, et de la prise de conscience des pollutions engendrées conduisent à proposer de nouvelles pratiques de gestion des déchets organiques pour remédier à cette situation. Les évolutions législatives et réglementaires, qu’il s’agisse des lois « Grenelle » ou de la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015, ont posé des objectifs de prévention et de valorisation qui imposent une gestion séparée des biodéchets.

Plus globalement, au-delà des objectifs réglementaires fixés, le retour au sol des matières organiques présente de nombreux avantages pour la gestion des sols et pour l’environnement.

Qu’est-ce que les biodéchets ?

Règlementairement, les biodéchets sont définis par l’article R 541 – 8 du Code de l’environnement dans les termes suivants : « tout déchet non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout déchet comparable provenant des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires.

Les déchets de parcs et de jardins sont notamment constitués des tontes de gazon, des tailles des haies, des feuilles mortes…

À titre d’exemple, les boues d’épuration, les déchets d’abattoirs et les déjections animales ne font pas partie de la catégorie des biodéchets.

Par ailleurs, les déchets de cuisine et de table (DCT) sont soumis à la réglementation sur les sous-produits animaux de catégorie 3 (sous réserve de non-déclassement en cas de présence de contaminants) ; cette classification ayant des conséquences sur les filières de collecte et de traitement.

Au-delà de l’aspect traitement des déchets, l’ensemble des dispositions sur le tri et de valorisation des biodéchets vise à restituer la matière organique au sol. L’objectif étant cependant de garantir un retour au sol de la matière organique de qualité.

1. Une approche territoriale est indispensable

Les déchets organiques sont produits par une multiplicité de producteurs (ménages, entreprises de transformation, distributeurs, agriculteurs) et peuvent être traités à différentes échelles. Une approche territoriale permet de déterminer les gisements, les regroupements pertinents, les destinations et types de valorisation et d’éviter la concurrence entre divers types de valorisation.

L’ADEME met à disposition des porteurs de projets deux guides : le premier spécifique à la méthanisation : « Informer et dialoguer autour d'un projet de méthanisation » et le second plus général relatif à la concertation territoriale autour de la matière organique.

2. La gestion de proximité des biodéchets

Si les biodéchets peuvent être une ressource, leur collecte, regroupement, transport et traitement sont d’abord une charge pour les producteurs, surtout quand les quantités sont restreintes et les lieux de production dispersés. La dynamique autour de la prévention des déchets a conduit, en complément de la lutte contre le gaspillage alimentaire, à promouvoir des solutions de valorisation sur place, qu’il s’agisse pour les ménages de compostage domestique ou partagé, ou pour les gros producteurs de gestion autonome au sein de leur établissement.

Les pratiques dites de “compostage de proximité” sont règlementairement cadrées par l’arrêté du 9 avril 2018.

3. La collecte séparée des biodéchets

La gestion des biodéchets peut être collective, notamment dans les villes denses où les espaces verts privés ou publics sont rares, la collecte séparée des biodéchets vient en complément des pratiques de gestion de proximité. Cela nécessite de réorganiser le système de gestion des déchets et d’accompagner les changements de comportement des ménages. Les retours d’expérience des collectivités pionnières en France permettent de faciliter sa mise en œuvre dans d’autres territoires.

4. Le compostage

Cette solution de valorisation biologique aérobie (en présence d’oxygène) accélère le processus naturel de décomposition et de transformation en amendement organique. Elle est adaptée à tous les volumes, depuis le compostage individuel jusqu’aux quantités plus importantes de matières organiques issues par exemple des collectes séparées. Le compostage est déjà très présent sur le territoire, au travers de la pratique du compostage domestique ou partagé, mais aussi en tant que mode de valorisation privilégié des déchets d’espaces verts, mené le plus souvent en extérieur sur des plateformes dédiées. Le compostage de déchets alimentaires sur des plateformes dites « industrielles » engendre d’autres conséquences, d’une part car les déchets alimentaires sont soumis à la réglementation sur les sous-produits animaux, rendant obligatoire une phase d’hygiénisation du flux ; d’autre part la mise en place d’une démarche qualité pour assurer la production d’un compost de qualité.

5. La méthanisation

La méthanisation est un traitement biologique anaérobie (en l’absence d’oxygène) alternatif au compostage et qui se pratique dans un « digesteur » fermé. Elle se développe dans les exploitations agricoles pour gérer les effluents d’élevage (et abaisser les rejets polluants, notamment la charge en azote) et offrir un complément de revenu énergétique.

6. La gestion des biodéchets des gros producteurs

Depuis 2013, les gros producteurs de biodéchets doivent procéder au tri de leurs biodéchets et à leur valorisation ; depuis 2016, les producteurs de plus de 10 t/an de biodéchets et/ou de 60 l/an d’huiles alimentaires y sont soumis. Cette obligation est intervenue avant l’adoption de la LTECV, qui fixe quant à elle un objectif de généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici 2025 à tous les producteurs de biodéchets, impliquant de fait la mise en place du tri à la source des biodéchets par les gros producteurs. Les obligations incombant aux gros producteurs de biodéchets ne sont pas forcément celles des collectivités. En effet, la collecte des biodéchets des professionnels peut ne pas relever du champ du service public de prévention et de gestion des déchets. Cependant, la collectivité exerçant la compétence déchets peut jouer un rôle pour faire émerger une solution de tri à la source des biodéchets pour les professionnels de son territoire.

 

Remarque :

Si vous souhaitez extraire la matière organique à l’aide d’une unité de Tri mécano biologique (TMB), vous pouvez également consulter la rubrique consacrée à ce type d’équipement.