Aide de l'ADEME
Ademe

économie circulaire et déchets
La mission Interfilière de tourisme durable représente l’aboutissement de plusieurs années de collaboration entre l’UNAT Nouvelle-Aquitaine, l’UMIHNA et la NAHPA. Ces trois têtes de réseaux ont mis leurs efforts en commun pour rédiger un plan d’actions de tourisme durable à destination des professionnels de l'hébergement touristique et de la restauration, avec le soutien de l’ADEME et la Région Nouvelle-Aquitaine. L'étude biodéchets s'inscrit dans le cadre d'une opération collective portant sur la gestion et la valorisation des matières organiques générées par les établissements touristiques.
L’objectif de cette étude de préfiguration était de réaliser un état des lieux des pratiques, de quantifier les gisements, d’identifier les solutions actuelles de gestion des biodéchets présentes sur les territoires de la Basse Vallée de la Vézère ainsi que les Îles et le littoral charentais, leur degré d’utilisation par les professionnels du tourisme hébergeurs / restaurateurs, dans un contexte de changement majeur des obligations sur ce sujet. Au-delà des solutions et comportements actuels, l’étude visait à comprendre les attitudes, freins et motivations des professionnels du tourisme concernant le tri à la source des biodéchets, à identifier les besoins et les solutions de valorisation potentielles permettant de répondre aux nouveaux enjeux et obligations, afin de définir un plan d’action pour ces deux territoires-tests, et plus globalement à terme pour l’ensemble des territoires de Nouvelle-Aquitaine. Les solutions préconisées ont un fort ancrage local et oriente vers des formations professionnelles.
La méthodologie est constituée de 4 volets : 1) Un travail de documentation et cartographie permettant de recenser les initiatives et solutions existantes sur les deux territoires, de mieux appréhender la problématique biodéchets selon les spécificités des territoires et de constituer une première liste des structures à interroger dans le cadre de l’étude qualitative. 2) Une étude quantitative réalisée auprès des professionnels du tourisme adhérant à l’une des trois structures de l’Interfilière via un questionnaire en ligne (objectif : 5 % de taux de réponse). 3) Une étude qualitative réalisée sous la forme d’entretiens téléphoniques semi-directifs menés auprès des porteurs de solutions présents sur les territoires étudiés 4) Des recommandations pour faciliter la mise en œuvre de la gestion des biodéchets auprès des acteurs de l’interfilière.
La taille de l’échantillon est 71 répondants, représentant 6,6 % des professionnels concernés sur les deux territoires d’expérimentation. Il est important de prendre les résultats chiffrés comme une simple caractérisation de ces répondants. Ils ne sont pas extrapolables car non représentatifs des populations interviewées, en raison d’une implication probablement plus forte des répondants par rapport à la problématique des biodéchets.
Pratiques des membres de filières en matière de valorisation des biodéchets
Attitudes concernant le tri à la source des biodéchets
Attitudes concernant le compostage sur site
Îles et du littoral Charentais
Il existe de nombreuses solutions de valorisation des biodéchets sur le territoire des îles et du littoral Charentais. Cependant, il y a une grande disparité entre les 7 EPCI considérés, et ce, à tous les niveaux ; répartition des compétences collecte et traitement entre les EPCI et les syndicats de déchets, accès aux déchèteries pour les professionnels, solutions proposées par les EPCI ou syndicats de déchets, types de tarification mise en place, acteurs privés et associatifs présents.
Parmi les acteurs privés et associatifs, Compost’Âge et Terre d’éveils sont deux associations proposant des services d’accompagnement au compostage sur site. L'éco réseau des entreprises Biotop collecte les déchets recyclables ou réutilisables des entreprises. L’association Loopost, dans la région de la Rochelle, propose un service de collecte des biodéchets à vélo auprès des professionnels et des particuliers pour le composter en anaérobie (type Bokashi). L’association Circu’LR (AlterGaia), également à La Rochelle, souhaite proposer des solutions aux professionnels tels que l’accompagnement au compostage sur site ou la collecte des biodéchets.
Deux acteurs offrent des solutions de valorisation intéressantes pour les déchets plus spécifiques que représentent les huiles de fritures usagées (Roule Ma Frite 17) et les COQ (OVIVE). Ces acteurs ont un impact fort et positif autour de leur zone d’implantation et sont également sollicités par les EPCI voisins. L’étendue de leurs services est toutefois limitée par des contraintes logistiques.
Basse vallée de la Vézère
Le territoire de la basse vallée de la Vézère diffère beaucoup des îles et du littoral Charentais d’un point de vue organisation et politiques déchets. Les syndicats de déchets prennent en charge l’ensemble des compétences (collecte et traitement) et ne sont pas répartis géographiquement par EPCI. Ceci génère une certaine incompréhension et un manque de connaissance du côté du personnel des EPCI et de certains acteurs associatifs. Toutefois, l’ensemble du territoire tend vers une harmonisation de la tarification en instaurant une tarification incitative à l’échelle de la Dordogne. Cette unification devra apporter une plus grande cohérence territoriale.
Du côté du secteur privé et associatif, on compte sur le territoire le centre de formation et d’expérimentation Au Ras Du Sol, une association spécialisée dans les problématiques de compostage individuel et collectif. Pour sa part, Compost In Situ Sud Ouest (CISSO) est un bureau d’études spécialisé dans la mise en place de solution de gestion de proximité des biodéchets par compostage. L’association Compost’ère propose une collecte en porte à porte auprès de ces professionnels pour ensuite valoriser les biodéchets en compostage à Sarlat. L’association « Assez d’Essais », veut étudier, accompagner, et conseiller tout projet individuel ou collectif de réduction des déchets, de compostage partagé ou en établissement et d'assainissement écologique
D’un point de vue techniques de valorisation, il n’y a pas de solutions spécifiques pour les coquilles et les huiles de fritures usagées. Le gisement de coquilles est toutefois moindre de par la situation géographique de la Basse Vallée de la Vézère comparativement au Littoral charentais. Néanmoins, la production d’huiles de fritures usagées y est légèrement plus importante.
Conclusion
En conclusion, l’étude rappelle les freins et facteurs favorisant une démarche interfilière de valorisation des matières organiques sur les territoires d’expérimentation.
D’un point de vu général, l’inexistence de services dédiés aux professionnels du tourisme est mise en exergue, de même que la problématique du transport des matières vers les lieux de valorisation. Ces deux points doivent être considérés dans la stratégie à développer. Du côté des professionnels du tourisme, plusieurs freins ressortent : la saisonnalité (perte de savoir(-faire) et surdimensionnement), le manque de place, les frais importants, la méconnaissance, les réticences. La montée en compétence via la formation et la diffusion d’information vers les professionnels pourrait permettre de lever ces freins. Du côté des porteurs de solutions, trois obstacles sont clairement identifiés : les difficultés financières (surtout pour les petites structures), les freins fonciers (pour collecte et valorisation en milieu urbain) et le manque de communication entre les EPCI et syndicats de déchets. Rassembler les acteurs pour établir une stratégie commune pourrait permettre de surmonter ces obstacles.
Par ailleurs, trois facteurs principaux semblent pouvoir favoriser la mise en place d’une stratégie interfilière de gestion des matières organiques. Tout d’abord, la tarification incitative, qui impacte aujourd’hui diversement les différents professionnels sont impactés diversement, peut servir de levier à l’action, moyennant un accompagnement nécessaire (exemple année pédagogique SMD3). Ensuite, les retours d’expérience sont plébiscités des professionnels qui accordent une haute importance au vécu de leurs pairs (ex : entre EPCI, surtout pour changement de tarification). Enfin, l’implication des réseaux et l’aide des collectifs sont essentielles pour rassembler les professionnels et trouver des solutions spécifiques à leurs besoins (ex : AOHPA).
Basés sur les résultats de l’étude, les préconisations avancées relèvent de trois niveaux : générales, orientés vers les professionnels du tourisme, vers les porteurs de solutions.
Recommandations générales de l’étude biodéchets
Accompagner directement les professionnels
Accompagner les acteurs porteurs de solutions
Enfin, il est évoqué la pertinence pour l’interfilière de travailler avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), parmi lesquelles des structures de l’Insertion par l’Activité économique (IAE) peuvent être porteurs de solutions potentielles dans les territoires (ex : Réseau INAÉ en Nouvelle-Aquitaine).
A court terme, nous souhaitons rassembler les acteurs identifiés dans l’étude pour co-construire une stratégie répondant aux besoins identifiés par les filières en termes de gestion des biodéchets sur les territoires-tests. A moyen terme, nous allons déployer cette stratégie multiacteurs sur ces deux territoires, sous réserve de financement. A long terme, si la stratégie s’avère efficace et fédératrice, nous élargiront le périmètre à l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine, tout en assurant une adaptation locale.
Etude déléguée à un partenaire externe : Les Détritivore et Energie & Castors
Suivi de l'étude par la chargée de misison interfilière
Budget de la mission interfilière combiné à une aide de l'ADEME
Questionnaire en ligne
Entretiens individuels
Recherche documentaire
Nouvelle-Aquitaine : ADEME, Méthanaction
Île et littoral charentais : EPCI (CdC Île d’Oléron, CdC Île de Ré, CdA La Rochelle, CdA Rochefort Océan, CdC Bassin de Marennes, CdA Royan Atlantique, CdC Aunis Atlantique), syndicat mixte Cyclad, Syndicat Intercommunautaire du Littoral (SIL), Compost’Âge, Terre d’éveils, Circu’LR, LooPost, Retour o sol, Réseau Biotop, Roule ma frite, Ovive.
Basse Vallée de la Vézère : EPCI (CdC Vallée de l’Homme, CdC Sarlat-Périgord Noir, CdC Vallée Dordogne Forêt Bessède, CdC Terrassonnais en Périgord Noir Thenon Hautefort), SMD3, SICTOM du Périgord Noir, SMCTOM de Thiviers, SIRTOM de Brive, Au raz du sol, CISSO, Assez d’essais, Compost’ère.
Collaboration multiacteurs, connaissance du territoire, compétences avérées par le prestataire en matière de gestion et traitement des biodéchets.
Mobilisation des professionnels à densifier, méconnaissance et idées préconcues à lever.
Provisionner pour la réalisation effective d’une stratégie de gestion des biodéchets avec les acteurs. La suite à donner à cette étude demande d’agir rapidement, puisque les acteurs concernés ont été mobilisés dans cette étude et leur implication démontre une ouverture à aller de l’avant.