

Territoires zéro déchet
Soirée de lancement du défi des foyers témoins
(Crédits de l'image : Hervé Cohonner)
La mise en place de « témoins » de la prévention et du tri dans des groupes de partenaire (citoyens, communes, entreprises, association, université) est inscrite au projet Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage de Lorient Agglomération pour montrer qu’il est possible, dans tous les secteurs d’activité et dans la sphère privée, de mettre en place des actions simples pour réduire les déchets de façon significative tout en maitrisant ses dépenses.
La première opération foyers témoins menée au printemps 2016 a été une réussite et a montré :
- une forte mobilisation avec plus de 70 candidatures, 30 foyers participants retenus et un seul abandon immédiatement remplacé par un autre foyer,
- une forte participation aux différentes réunions et aux ateliers proposés,
- un taux de retour de l’ensemble des données très satisfaisant (pesées, auto-évaluations),
- des résultats convaincants et des participants convaincus.
L’opération foyers témoins zéro déchet avait intéressé des foyers en partie déjà sensibilisés. Ce qui pour autant n’a pas exclu une baisse de la production de leurs déchets. Ils avaient tous le désir de modifier leurs comportements et d’aller plus loin. Il leur manquait le déclic, des arguments et des méthodes.
Lorient Agglomération a établi un lien fort avec l’ensemble du groupe au moment de l’opération et ce lien a été conservé avec les familles. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs participé activement à l’organisation de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD) de novembre 2016 ainsi qu’à l’édition 2017 lors du festival Zéro Déchet.
Le groupe Facebook (https://www.facebook.com/groups/952137548212868/) ayant servi à la communication interne entre familles participantes durant l’opération continue de partager des informations sur le Zéro déchet. A la fin de l’opération en juin 2016, il a été ouvert au public et il compte désormais plus de 420 membres.
Aujourd’hui encore, ces foyers sont prêts à jouer un rôle de témoin dans leur environnement familial ou professionnel que certains ont commencé pendant l’opération.
En 2018, la deuxième édition du défi des familles a été organisée, visant non seulement à conforter les acquis de la première édition mais à aller encore plus loin dans la réduction. Il s’agissait également de tester un certain nombre de dispositif d’animations autour du savoir-faire, permettant aux participants de monter en autonomie dans les pratiques de consommation du quotidien tout en produisant moins de déchets.
Les objectifs poursuivis au travers des opérations témoins « Défi des familles vers le zéro déchet » sont les suivants :
- mesurer l'efficacité en termes d'évitement de production de déchets,
- démontrer le caractère reproductible des gestes à fort impact de réduction de la production de déchets comme celui des gestes de tri,
- faire partager l'expérience des témoins au reste de la population par une communication adaptée,
- tester l’intérêt des actions d’animations, visites et ateliers proposés dans la perspective de déployer un programme adapté à l’attention du grand public, favorisant notamment l’émergence du savoir-faire,
- créer une dynamique autour du projet ZGZD propice à l’émergence de projets associatifs, voire professionnels autour de la thématique.
D’un point de vue quantitatif, l’action visait à aller encore plus loin dans la performance de réduction qu’en 2016, avec les objectifs chiffrés suivants :
- Nombre de foyers participants : 30,
- Diminuer le poids de la poubelle bleue, destinée aux déchets résiduels, d’environ 65%,
- Baisser la production totale des déchets collectés en porte à porte de 35%.
Nombre de foyers engagés du début à la fin du programme (4 mois) : 29*
* Abandon d'un foyer pour raisons professionnelles en cours d'opération.
Résultats issus des pesées réalisées par les foyers témoins sur l'ensemble de la durée de l'opération (4 mois décomposés en 1 mois sans changement de pratiques et 4 mois avec application des écogestes choisis) :
Libellé de l’indicateur |
DMR |
Biodéchets |
Emballages |
Unité de mesure |
Kg/an/hab |
Kg/an/hab |
Kg/an/hab |
Habitant Lorient Agglomération (référence) chiffres 2017 |
167 |
37 |
51 |
1ère phase (sans geste) - durée 4 semaines |
47 |
21 |
27 |
Résultats (avec application des écogestes) |
23 |
23 |
21 |
L’opération a montré une réduction globale de 29% des déchets collectés en porte à porte (sans encombrants, verre et papier). Dans le détail, les évolutions sont les suivantes :
Si les objectifs fixés au départ du défi ne sont pas complètement satisfaits, il est intéressant de comparer les résultats obtenus avec la production moyenne mesurée à l'échelle du territoire de Lorient Agglomération. La différence est significative :
|
Chiffres collectes 2017 |
Familles témoins après application des écogestes |
Différence |
DMR |
167 kg/hab/an |
23 kg/hab/an |
- 86 % |
Emballages |
51 kg/hab/an |
21 kg/hab/an |
- 59 % |
Biodéchets |
37 kg/hab/an |
23 kg/hab/an |
- 38 % |
Total production (sans verre, encombrants, papier…) |
255 kg/hab/an |
67 kg/hab/an |
- 74 % |
63 candidatures ont été reçues au terme d’un appel diffusé essentiellement via les sites internet institutionnels et via les réseaux sociaux. Un stand dédié a aussi été tenu lors de l’évènement grand public « Zéro déchet » organisé pendant la SERD en novembre 2017. 30 foyers participants ont été retenus (dont 1 abandon dans le cadre d’une mutation professionnelle dans une autre région), soit un total de 104 personnes : 54 adultes et 50 enfants de moins de 18 ans. 13 communes sur 25 ont été représentées. Malgré une représentation quasi nulle des communes du nord de l’Agglomération, à dominante rurale (ex-Communauté de communes de la région de Plouay), la recherche de diversité a néanmoins pu être respectée avec des foyers urbains, ruraux et littoraux. 21 foyers vivent en maison et 8 en appartements. Une nouveauté de cette opération consistait dans la participation de deux colocations, respectivement de 2 et 6 personnes.
Le profil des candidats est donc le reflet des modalités de recrutement qui ont touché avant tout un public averti. Plusieurs foyers, dès le démarrage de l’opération, étaient déjà avancés dans les pratiques permettant de réduire la production de déchets : compostage domestique, accueil de poules, fréquentation de magasins engagés dans le zéro déchet, etc. Contrairement au groupe de la première édition, dont la marge de manœuvre à la baisse était grande, ce second groupe de participants avait donc plutôt un profil d’« experts ». Pour cette raison, les objectifs chiffrés n’ont pas complètement été atteints (baisse globale de la production de déchets mesurée de 51% au lieu des 65% attendus) ; les foyers participants disposaient finalement dès le départ d’une moins grande marge de progrès qu’en 2016. Un effet de seuil a vraisemblablement été observé. Et les résultats consolidés, s’ils sont en deçà des chiffres de réduction annoncés, montrent qu’il est possible d’arriver par des gestes simples à des niveaux de produit de déchets relativement bas, notamment avec 86% de DMR en moins que les chiffres de production de 2017 sur le territoire de Lorient Agglomération.
Le choix des écogestes a été diversifié et la tendance a été plutôt à ajouter des gestes en cours d’opération qu’à en abandonner. Notamment, la visite de l’usine de potabilisation a permis de rassurer plusieurs participants sur la sécurité sanitaire autour de la production d’eau potable et à leur permettre de revenir plus sereinement vers l’eau du robinet. Au terme de l’opération, les échanges avec les participants montrent que les écogestes sont désormais bien ancrés dans les pratiques du quotidien.
Le retour des pesées, initialement prévues pour être livrées par mail chaque début de semaine, a finalement été plus irrégulier, du fait du faible niveau de production de déchets dans les foyers participants.
Côté animation, malgré la forte sensibilisation des foyers et leur engagement sans ambiguïté dans le sens de la réduction des déchets, il a été difficile de garantir la dynamique de groupe sur la longueur. Le taux de participation aux rencontres a baissé au fur et à mesure des semaines, quasiment systématiquement en dessous des 50%, y compris pour le rassemblement final. Et un côté « consommateur » d’informations et savoir-faire a pu être observé, tandis que la cohésion entre les participants n’a pas été aussi forte qu’attendu. Enfin, les relances nombreuses, par mail comme par téléphone, pour obtenir les retours de pesées comme pour garantir un nombre satisfaisant d’inscrits aux animations, a alourdit le temps consacré à l’animation du défi.
Enfin, la communication tout au long de l’opération comme pour la présentation du bilan et la valorisation des résultats a été insuffisante. La couverture institutionnelle et médiatique de l’opération, a été très inférieure à ce qui a été produit en 2016, sans doute du fait du manque de nouveauté. Pour compenser, le service de prévention des déchets de Lorient Agglomération a utilisé les outils numériques à sa disposition pour publier une série d’articles sur le blog « Territoire zéro déchet » et de brèves sur le groupe thématique correspondant sur Facebook, le plus souvent relayés sur la page officielle de la collectivité. Le groupe de discussion en ligne, dont le nombre d’abonnés croit régulièrement, est un moyen intéressant de maintenir la dynamique au-delà du défi et de permettre la visibilité des bonnes pratiques issues des ateliers et échanges d’expériences proposés dans le cadre de l’opération.
Pour prolonger l’effet favorable produit par cette opération témoin, il est envisagé de maintenir le lien avec les foyers témoins des deux défis, voire de le renforcer par des rencontres régulières et une incitation à participer à des actions tournées vers le grand public, comme l’animation d’ateliers lors de rendez-vous thématiques (SERD) ou dans le cadre de la création d’un espace d’animation dédié aux ateliers du savoir-faire, en lien avec la réouverture des Ateliers de la Recyclerie dans le bâtiment rénové à Caudan. Une attention particulière sera enfin portée sur les initiatives individuelles pouvant advenir, notamment des projets professionnels pouvant germer du côté de ces foyers désormais moteurs du changement, tels que cela s’était produit suite au premier défi avec la création de l’épicerie zéro déchet fin 2017 par un couple de participants.
Déroulement de l’opération
Durée de l’opération : 4 mois
De mi-février à mi-mars 2018 : évaluation du volume de déchets produit par chaque foyer : biodéchets, emballages, déchets résiduels.
De mi-mars à mi-juin 2018 : remise des outils de prévention à chaque famille témoin et adoption d’au moins 4 gestes de réduction ou de tri des déchets dans un panel d’une vingtaine de gestes proposés : limiter les emballages, faire du compostage, boire l’eau du robinet….
> Afin de mesurer l’efficacité de ses nouvelles habitudes, les déchets de chaque foyer sont pesés régulièrement durant cette période.
Juin 2018 : évaluation de l’impact des éco-gestes proposés sur la production de déchets de chaque famille participante.
Un accompagnement personnalisé
Dates – périodes |
Actions entreprises |
Octobre 2017 à février 2018 |
Préparation de l’opération
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8 février 2018 |
Réunion de lancement avec les foyers
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12 février au 11 mars 2018 |
Première période du défi :
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11 mars au 3 juin |
Seconde période du défi :
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Première quinzaine de juin |
Analyse des données et préparation du bilan pour diffusion dans la presse et les supports de communication institutionnels (éditions papier et numérique). |
16 juin |
Journée de clôture de l’opération avec les familles témoins. Présentation des résultats et débats. |
Equipe pour la coordination et le suivi de l'opération en régie :
- 1 coordinatrice prévention pour la coordination de l’opération (jusqu’à la moitié de l’opération),
- 1 responsable prévention des déchets pour l’animation et le suivi de l’opération,
- 1 stagiaire prévention des déchets pour le suivi des foyers et l’organisation des ateliers.
Montant global de l'opération : 2 200 € TTC
Ce montant comprend la fourniture d’outils et supports aux familles pour le suivi (pesons) et la mise en place des écogestes (composteurs, poulaillers, carafes, etc.) et l’animation d’ateliers du savoir-faire par des prestataires associatifs. Il ne comprend pas les moyens humains en régie (temps agent & coût du stage).
Matériels nécessaires pour l'animation de l'opération : : pesons, composteurs, poulaillers, stop-pub, couches lavables, carafe, bioseaux, etc.
L'animation des ateliers et visites s'appuie notamment sur les équipements de la collectivité : centre d'enfouissement, centre de tri, usine de production d'eau potable, salles de réunion, etc.
> Université de Bretagne Sud : conventionnement pour l'accueil d'un stage de 12 semaines. Filière : Licence "Sciences, écologie & société" (année 3).
- Seconde opération de type « foyers témoins », s’appuyant sur les acquis de la première édition pour renforcer les résultats déjà obtenus et permettre d’imaginer les dispositifs d’aide au changement de comportement pour passer de l’exemplarité individuelle à sa traduction collective.
- Choix des écogestes : 4 gestes minimum, dont 2 à fort impact de réduction (références issues du premier défi) sur une liste de 18. Ces gestes couvrent les différents compartiments de la vie quotidienne : maison, jardin, alimentation, etc. Ils s’appuient également sur les différentes thématiques de la réduction (éco-consommation, gestion de proximité des végétaux et des biodéchets, jardinage au naturel, réemploi) et sur le tri des déchets (extension des consignes de tri, tri des biodéchets). Enfin, une sensibilisation des participants est effectuée sur les gestes non mesurables à adopter hors du foyer : au travail, en vacances, dans un contexte associatif, etc.
- Suivi des animations et de l’actualité du défi disponible en ligne sur le blog https://zerodechet.lorient-agglo.fr mais aussi sur les réseaux sociaux, notamment le groupe Facebook co-animé par les services de Lorient Agglomération et des foyers de la première édition.
- Volonté de créer du lien entre les foyers des deux éditions, par le biais d’ateliers et visites animés par les premiers destinés aux seconds et par des rencontres et débats communs.
- Panel de participants varié : familles, couples, personnes seules, colocations… Milieux urbain, périurbain et rural représentés.
- Animation en régie, s’appuyant sur les savoir-faire locaux (particuliers et associations) et visant à favoriser la participation et l’émergence d’idées et d’initiatives par la mise en place de tables rondes, de témoignages, de temps conviviaux…
Les deux principales difficultés rencontrées sont :
- l'animation du défi en régie, consommatrice de temps, dans un contexte de faible mobilisation des participants.
- le volume insuffisant de communication autour d'une seconde édition d'une opération, générant moins d'intérêt que dans le cas d'un dispositif inédit.
- Plan de communication indispensable, de la mobilisation des foyers à la publication des résultats. La valorisation de la démarche tout au long de l’opération peut être envisagée sous la forme de témoignages. La communication médiatique doit dans tous les cas être renforcée par une visibilité de l’opération et une mise en lumière des gestes et apprentissages des participants sur le web, en particulier via les réseaux sociaux.
- Les modalités et temps consacré à l’animation du défi sont à prévoir en fonction du recueil d’indicateurs plus ou moins approfondi : un second défi peut ainsi s’appuyer sur les références obtenues lors d’une première opération pour mettre en place un accompagnement plus léger. L’arbitrage entre animation en régie et animation en prestation pourra notamment se faire en fonction de ces choix initiaux.
- La mobilisation des foyers ne doit pas être négligée et doit permettre un véritable engagement des participants tout au long de l’opération, notamment au travers d’une charte. Il est important que les participants jouent le jeu de la participation au programme d’animations, qui fait partie intégrante du dispositif.
- Une vigilance particulière est à prévoir pour éviter que le soufflet ne retombe au terme d’une opération de ce type. Il faut faire vivre les résultats au-delà du temps du défi, par la communication mais aussi par la capacité à maintenir du lien avec ces foyers, nouveaux ambassadeurs de la réduction des déchets. Enfin, l’exemplarité des foyers témoins doit nourrir les actions et dispositifs à conduire ultérieurement dans la perspective de favoriser un changement d’échelle des pratiques vertueuses.