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RISPETTU : HOTELLERIE DURABLE CORSE

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expérience
exemplaire

UMIH CORSICA

UMIH CORSE Imm le habana -
20215 VENZOLASCA
Dominique Vaschalde
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Illustration de l’opération :

RISPETTU Hôtellerie durable Corse - Hôtels et partenaires

(Crédits de l'image : Lancement du Projet RISPETTU)

contexte

L’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de la Région Corse (U.M.I.H. CORSE) a pour mission principale d’assurer la défense des intérêts de l’ensemble des professionnels du secteur en les informant et en les sensibilisant sur les enjeux inhérents à leur profession. La problématique environnementale est au cœur de toutes les préoccupations actuelles. Les enjeux sont importants : augmentation des coûts matière, déchet et énergie, communication auprès des consommateurs, fédération des équipes, préservation du patrimoine naturel local, dépendance énergétique et fiscalité en sont quelques exemples.

 

En 2015, la destination Corse bénéficie d’une image et d’un attrait grâce à son patrimoine naturel. Néanmoins, il existe encore peu de signes extérieurs d’engagement des professionnels permettant de bâtir une dynamique collective solide sur ce domaine. Pourtant, les clientèles sont de plus en plus attentives à ces enjeux, notamment la clientèle des pays du Nord de l’Europe.

 

Fort de ce constat, l’UMIH Corse a lancé à partir de mars 2016 le projet RISPETTU auprès de ses établissements hôteliers en se basant sur la méthodologie de l’écoconception, et de l’affichage environnemental en particulier. Les objectifs sont clairs : emmener à terme la grande majorité des hôteliers corses vers une gestion environnementale performante, limitant les consommations, les émissions dans l’environnement, les déchets mais également les coûts d’exploitation des établissements tout en valorisant et communiquant auprès du grand public leur engagement.

objectifs et résultats

Objectifs généraux :

La campagne RISPETTU 2016-2017 avait pour objectifs :

  • Accompagner des hôtels dans la mesure et la réduction significative de leur impact environnemental
  • Améliorer la rentabilité des établissements participants par la réduction de leurs coûts d’exploitation
  • Valoriser ces établissements à l’aide de leur étiquette  environnementale
  • Eco-concevoir l’offre de petits déjeuners proposés dans les établissements participants
  • Augmenter la notoriété de la destination Corse grâce à l’aspect environnemental  
Objectifs quantitatifs :
  • 10 hôtels accompagnés dans la mesure et l'amélioration de leur impact environnemental et de leur coûts
  • Réduction de 10 à 20 % de l'impact environnemental des hôtels
Résultats quantitatifs :

Les résultats obtenus sont (au bout d'un an) :

  • Les 10 hôtels ont participé jusqu'au bout : des analyses et plans d'action individualisés par hôtel, avec quantification des impacts et coûts.
  • Des étiquettes environnementales permettent le suivi dans le temps des améliorations pour le client (et notamment après la mise en oeuvre des plans d'actions). 
  • Globalement :
    • 11% de réduction des coûts en moyenne (0.83 € sur 7.5€ par nuit) près de 30 000 € d’économies potentielles par an et par hôtel. 
    • De l’ordre de 20 à 30 % de réduction d’impact sur l’ensemble des indicateurs (20% sur les déchets jusqu’à 30% pour les réductions de consommation d’eau sur site par nuitée). 
  Etat des lieux pour les 10 hôtels (moyenne par nuitée) Gains observés Gains observés en %
Emissions de Gaz à effet de serre (kg éq. CO2)

7,9

Principales contributions : électricité pour climatisation (65 %)*

2,3 29%
Consommation d'eau hors piscine (L) 170 55,4 30%
Consommation dénergie primaire (lWh)

15,7

Principales contributions : chauffage, climatisation, ventilation (66%), équipements électriques (20%)

10,4 23%
Déchets (g)

130 (entre 70 et 330)

Principales contributions : petit déjeuner (27%, déchets d'entretien (17%), déchets d'équipement (16%)

33,6 20%
Coût (€)

7.5

(170 000 €/ hôtel)

0.83 11%

* électricité de Corse 8 fois plus émission que la moyenne nationale car production de fioul et importation de Sardaigne d'électricité d'origine fiuol

Au total sur les hôtels, les gains représentent les économies suivantes :

  • 825 t eq CO2
  • 3677 MWh d'énergie primaire
  • 19643 m3 d'eau
  • 119 t de déchets
  • 295 417 €
Résultats qualitatifs :
  1. Une liste d'actions / recommandations expérimentées dans les hôtels :
  • Optimisation des débits d’eau pour les sanitaires (douches, chasse d’eau, arrosages optimisés,…)
  • Consignes au personnel ou des clients pour l’utilisation des équipements consommateurs (réduction des temps d’utilisation, blocage de température de consignes,…)
  • Installation de petits équipements de régulation (horloges, capteurs de mouvement, de luminosité pour ampoules,…)
  • Installation d’équipements moyens de régulation et d’optimisation des équipements existants (variateurs électroniques de vitesse pour certaines pompes, récupérateurs de chaleurs sur les eaux grises,…)
  • Achats de consommables à moindre impact (recommandation vers produits d’entretien ‘naturels’, recours aux grands formats, à des produits plus locaux, de saison et certifiés ou biologiques)

2. La définition et mise en place d’une offre de petit déjeuner local et éco-conçu

Sur la base de quelques constats (16% des produits sont d’origine régionale, 65% proviennent de France, 22% sont importés de l’étranger; 8 % en masse des produits sont d'origine biologique ou certifiés et 45 % des produits en masse ont un format individuel) la mise en d'une offre plus locale de petit déjeuner, à moindre impact et à forte valeur pour les clients (caractère local, découverte, qualité des produits) s'est développée. 

Les pistes d’éco-conception étudiées à partir d’avril 2017 sont axées sur les points suivants :

  • Relocaliser une partie des achats, pour limiter l’impact lié au transport, et améliorer la création de valeur régionale (50% des achats locaux représenterait pour l’ensemble des hôtels du territoire un revenu supplémentaire de 2 M€)
  • Limiter les emballages par des grands formats voire des emballages consignés si production locale
  • Recourir à des produits à moindre impact de par leur nature (végétal, saisonnalité,…)

3. Des actions groupées de recherches de recherche de fournisseurs et d’équipements :  ces actions ont permis d’une part d’obtenir des prix très intéressants voire nuls pour l’acquisition d’équipements à moindre impact, d’autre part de mettre en relation les hébergeurs avec les dispositifs de subvention sur le plan du solaire thermique via le fonds de l’ADEME, subvention que les établissements n’auraient pas identifiés sans leur participation au projet Rispettu.

       

      Mise en oeuvre

      Description de l'action :
      • Recrutement des hôtels volontaires
      • Sélection d'un bureau d'études accompagnateur des 10 hôtels 
      • Diagnostic initial et quantification des impacts et coût pour chaque hôtel 
      • Définition d'un plan d'action pour chaque hôtel : idem point précédent
      • Mise en oeuvre des actions 
      • Nouvelle évaluation quantitative 16% des produits sont d’origine régionale, 65% proviennent de France, 22% sont importés de l’étranger
      • Bilan de l'action
      Planning :
      • Préparation de l'action
      • Mise en oeuvre des diagnostics initiaux
      • Durée de mise en oeuvre des actions
      • Evaluation finale
      Moyens humains :

      En vue d’un mode de déploiement opérationnel optimal, plusieurs stagiaires de l’UMIH ont été formés aux outils puis accompagnés sur la durée du projet. Ces étudiants, encadrés en local pour Monsieur Dominique Vaschalde et à distance par Betterfly Tourism ont permis l’approfondissement des évaluations et des simulations à mettre en place.

      • Liste des hôtels participants :
        • Hôtel Spunta di Mare
        • Hôtel Stella di Mare
        • Hôtel La Pinède
        • Hôtel Castel Vecchio
        • Hôtel Fesch
        • Résidence Alba Rossa
        • Hôtel Club Marina Viva
        • Hôtel Ostella 
        • Résidence Suite Home
        • Hôtel La Signoria
      Moyens financiers :
      • 70% financement ADEME et Office de l'Environnement de la Corse (OEC)
      • Economies liées à l'optimisation : 295 417 € / an
      • Les résultats des actions groupées de recherches ont permis des économies d'achat ou aides financières :
        • Fourniture de mousseurs pour robinet : 3 000 mousseurs gratuits / gain de 4 500 €
        • Fourniture de réducteurs de débits : 1 200 kit douchettes gratuits / gain de 10 000 €
        • Fourniture d’ampoule LED : 6 000 Ampoules LEDS au coût unitaire de 2,5 € au lieu de 9 € / gain de 40 000 €
        • Subvention solaire thermique : 3 hôtels se sont équipés d’installations solaires thermiques cofinancées par l’ADEME et 3 autres établissements sont en cours d’équipement / 280 000 € d’aides acquises, 419 000 € d’aides en cours de demande
        • Renégociation contrat d’électricité : 15 000 € d’économies annuelles
      Moyens techniques :

      Méthode : l'affichage environnemental comme base de calcul des impacts et gains potentiels

      Pour réaliser l’analyse des 10 hôtels engagés, il a été décidé de s’appuyer sur le référentiel officiel de l’affichage environnemental validé en juin 2016. L’UMIH nationale et Betterfly Tourism ont hautement contribué à la rédaction de ce référentiel aux côtés de l’ADEME et nombreuses autres parties prenantes. Cette méthodologie est donc jugée comme robuste, connue et maîtrisée par les intervenants.

      Pour faire passer à l’acte les hébergements, il est nécessaire de leur proposer une démarche complète en y intégrant l’aspect économique, des analyses environnementales complémentaires et la possibilité de simuler les gains potentiels liés aux bonnes actions potentielles. Ces aspects sont réalisés grâce à l’utilisation du logiciel WINGGY®, outil conçu par Betterfly Tourism permettant de coupler la démarche d’affichage à une démarche d’optimisation des coûts.

      Ainsi, Winggy® fournit :

      • Une liste élargie d’indicateurs de gestion environnementale pour les établissements au-delà de ceux de l’étiquette environnementale (consommation d’énergie, déchets générés au total et par catégorie de déchets, consommation d’eau sur site);
      • Une analyse économique de toutes les pratiques, achats et équipements de l’établissement (coût de fonctionnement et investissements en €);
      • Un simulateur de bonnes pratiques pour quantifier à l’avance les gains environnementaux et économiques associés à chaque nouvelle pratique;
      • Une interface de suivi de son plan d’action sous forme de business plan.

      Des diagnostics sur site pour la collecte de données identifiées via la méthodologie de l'affichage environnemental. Ces diagnostics se sont basés sur des données réelles des hôtels (factures, suivi des consommations, ratios, reportings existants...).

      Une étiquette environnementale pour communiquer sur la performance des hôtels 

      Cette étiquette délivre une information consolidée de A à E permettant de classer la performance de l’établissement, note calculée à partir de la mesure de 4 indicateurs environnementaux : les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau (en cycle de vie), la consommation de ressources non renouvelables et le pourcentage de produits biologiques et écolabellisés dans les achats. Les hôtels peuvent y ajouter un texte explicitant leur démarche et engagement, ajoutant une touche de storytelling auprès du client.

      Partenaires moblisés :
      • Partenaires financiers
        • ADEME
        • OEC
      • Partenaires actifs :
        • Les 10 hôtels
      • Autres partenaires :
        • EDF : contrats d'électricité
        • KYRNOLIA : contrat d'eau
        • SYVADEC : syndicat d'électricité
        • UNIVERSITE DE CORTE
      • Prestataire
        • BETTERFLY TOURISM

       

      valorisation de cette expérience

      Facteurs de réussite :
      • Le fait de disposer d'un accompagnement personnalisé est crucial.
      • L'enthousiame et la bonne volonté des hôtels (aucun n'a abandonné en cours de route).
      • Les résultats encourageants et positifs, qui ne peuvent que fédérer de nouveaux établissements à se lancer dans la démarche : 26 nouveaux hôteliers souhaitent intégrer le programme au 31 mars 2017
      • La prise en compte de critères environnementaux par les sites promotionnels: un tour operateur anglais a référencé plusieurs hôtels corses du fait qu’ils ont intégré une démarche environnementale
      • Les nombreux partenaires associés pour soutenir la démarche, privés comme publics : aux côtés de l’ADEME et l’OEC, EDF, Kyrnolia, le Syvadec, l’ATC, la CCI se sont positionnés financièrement ou politiquement pour soutenir le projet

      Par ailleurs, la convention signée en juillet 2016 entre le Ministère de l’Environnement, l’ADEME et l’UMIH met en avant le rôle primordial de RISPETTU pour atteindre les objectifs de réduction des déchets et limiter l’impact environnemental de la région.

      Difficultés rencontrées :

      Le manque d'une personne ressource permanente à l'UMIH (ce sont beaucoup des stagiaires qui ont suivi le projet)

       

      Recommandations éventuelles :

      Pour poursuivre la dynamique dans le long terme, les points suivants sont à prioriser :

      • Un accompagnement des hôteliers reste essentiel pour d’une part réaliser l’état des lieux initial mais d’autre part les accompagner dans la mise en œuvre des actions
      • De nombreuses actions nécessitent une coordination collective, notamment pour des actions d’achats ou d’investissements et des actions d’économie territoriale, de valorisation des déchets et des actions de formation pour approfondir certaines pratiques. Une ressource humaine dédiée au sein de l’UMIH serait essentielle pour mener à bien ces axes de travail.
      • L’action auprès des professionnels étant tangible et solide, il est désormais nécessaire de communiquer non pas seulement à l’échelle individuelle mais à l’échelle territoriale. Cette valorisation sera également un gage de déploiement et de poursuite de l’action dans le temps des professionnels.
      • Enfin, il est nécessaire d’atteindre une taille critique pour le dispositif, taille critique estimée à 50 hébergements pour pérenniser le système sans l’appui des subventions mais surtout créer un volume suffisant d’une part pour entraîner les fournisseurs (alimentaires, produits d’accueil, d’entretien,…) et d’autre part fournir une visibilité à l’échelle de la destination.