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Réemploi des textiles déréférencés, transformation du linge plat mis au rebut et protection de l'eau chez Anett

ANETT

2 rue de la Mairie - Vrines
79100 THOUARS
Virginie Masson
Contact

contexte

Entreprise spécialisée dans la location et l’entretien d’articles textiles et d’hygiène, Anett produisait de nombreux déchets : textiles en fin de vie (linge plat et vêtements professionnels), cintres, emballages (films plastiques), eaux usées (lavage des textiles)… En plus d’actions auprès des clients (récupération des cintres, récupération des emballages), l’entreprise s’est engagée sur deux actions en interne : la revente aux particuliers des textiles qui ne font plus partis de leurs références et la vente de ballots de chiffons créés à partir du linge plat mis au rebut. Ce linge plat mis au rebut est envoyé à un ESAT (établissement et services d’aide par le travail) qui le transforme en ballots de chiffons qui pourront être loués par Anett.
En complément, l’entreprise essaie de réduire ses consommations d’eau par :

  • Le renouvellement de leur équipement de lavage (« tunnel » de lavage) ;
  • Le recyclage des eaux de rinçage et d’essorage qui sont réintroduites en début de cycle de traitement du linge ;
  • L’analyse des propriétés physico-chimiques de l’eau (pH, dureté, alcalimétrie…) et des prétraitements (chloration, filtration, adoucisseur) pour optimiser les adjonctions de produits lessiviels.

objectifs et résultats

Objectifs généraux :

L’objectif principal est la recherche d’économies financières face à la grande quantité d’eau et de produit utilisée et face à l’augmentation du prix du coton.
Avec la transformation des linges plats mis en rebut, c’est aussi la recherche de nouveaux débouchés qui est recherché.

Résultats quantitatifs :

Depuis le nouveau tunnel, la consommation d’eau est passée de 18 L/kg à 13 L/kg.
Les quantités de produit utilisées nécessaires au lavage ont diminué de 28 tonnes/an (19 tonnes pour les produits chimiques et 9 tonnes pour la lessive), générant une économie financière d’environ 20 000 €/an. Cette économie de produit permet de réduire la pollution sur l’eau et les besoins en traitement avant rejets. Les tonnages des textiles revendus aux particuliers est marginal pour l’instant au regard de l’activité de l’entreprise et de son chiffre d’affaire. La vente des textiles aux particuliers rapporte toutefois environ 10 000 € (mais nécessite un temps important d’organisation pour ces journées de revente), mais les recettes et tonnages sont amenés à croître avec l’ouverture d’un magasin dédié.
Les tonnages des textiles transformés par l’ESAT en ballots de chiffons et les recettes liées n’ont pas été communiqués.

Résultats qualitatifs :

Amélioration des conditions de travail avec l’arrêt de la confection des chiffons en interne a impliqué une diminution de la manutention sur les textiles (découpage, mise en ballots ou containers…). De plus, l’organisation s’est simplifiée : le linge mis en réforme est transféré en bacs fils (bacs grillagés de grande capacité qui sont empilables) qui sont ensuite stockés en attente de prise en charge par le transporteur. Celui-ci assure ensuite la navette entre l’entreprise et l’ESAT chargé de la confection des ballots de chiffons.
Développement d’une relation de long terme avec l’ESAT avec de nombreux échanges actuellement pour de nouvelles activités en partenariat.
Développement d’une nouvelle offre (vente de chiffons qui va se développer, alors que cela était vu précédemment comme une contrainte).
Précédemment, les navettes livrant le linge neuf aux usines repartaient à vide. Désormais, elles repartent avec les linges réformés.
La revente aux particuliers des textiles est un évènement important sur le territoire et très attendu, attirant même des particuliers hors du département. Il s’agit d’une action permettant à l’entreprise de s’intégrer sur son territoire et de mener une action « sociale » tout en valorisant le travail de ses employés.
Le travail sur la réutilisation des eaux de rinçage et l’installation du nouveau tunnel ont permis de se rendre compte que chaque usine utilisait des réglages différents : pour un même article textile, chaque usine pouvait utiliser un programme de lavage (et donc une consommation de produit) différent. Depuis, une norme de lavage a été instaurée dans toutes les usines (température et produit pour chaque type d’article textile), en les adaptant au cas par cas aux outils de lavage utilisés. À l’échelle du groupe, cela a permis des réductions en produits.

Mise en oeuvre

Planning :

La revente des textiles aux particuliers existe de longue date : tous les vendredis les particuliers peuvent venir et une fois dans l’année, une grande vente des produits (linge d’occasions et articles textiles qui ne sont plus référencés) est organisée dans un local loué pour l’occasion. Le tonnage est relativement faible mais afin de développer la filière, la société pense ouvrir un magasin dédié à la vente de chiffons et articles neufs déréférencés aux particuliers.
Par contre, historiquement, l’entreprise revalorisait une partie de ses textiles en fin de vie à des chiffonniers. Ceux-ci se faisant rares et les conditions de reprises (tarifs et manutentions nécessaires) étant de moins en moins intéressantes, la direction achats textile recherchait activement des solutions alternatives. Dès octobre 2012, un projet pilote a été mis en place avec 3 usines du groupe et un ESAT (établissements et services d’aide par le travail) afin qu’il transforme les textiles usagés en chiffons.
Le contact avec l’ESAT s’est fait naturellement car l’ESAT était déjà client d’Anett. Une personne d’Anett s’est rendue à l’ESAT pour former les éducateurs au tri du textile (par exemple pour distinguer le coton du polyester, etc.).
Depuis, l’entreprise développe auprès de ses clients une offre de chiffons réalisés par l’ESAT et distribués par Anett. En parallèle, elle informe ses clients en leur distribuant une plaquette des produits disponibles. Après un an d’expérimentation, le projet est définitivement validé et cette filière sera généralisée sur l’ensemble du groupe en 2014.

Sur les eaux de rinçages :

  • en 2009, un des deux tunnels de lavage est changé pour un modèle plus économique (en énergie et en eau) ;
  • en 2010, un travail avec le fournisseur des produits de lavage a permis de fixer pour tous les sites des normes uniques différenciées en fonction des types de linge (température et type de produit). Cela a aussi nécessité un travail d’optimisation des séries de lavage (faire des séries successives avec un linge similaire – couleur, salissure – pour garder la même eau)

Aujourd’hui, seules les eaux de rinçage des textiles de l’industrie ne sont pas réutilisées (traces d’hydrocarbures et de limaille risquant de tacher les charges de linge suivantes).

Moyens humains :

Avant le partenariat avec l’ESAT, le linge réformé devaient être lavé, séché et plié, pour être vendus aux chiffonniers. De plus, lorsque des clients souhaitaient des chiffons, des salariés étaient mobilisés pour réaliser eux-mêmes les chiffons à partir des textiles au rebus. À présent les textiles envoyés à l’ESAT n’ont plus besoin d’être pliés et préparés et aucun salarié n’est mobilisé pour réaliser les chiffons. L’action a donc libéré du temps de travail. En revanche, un salarié a dû former l’ESAT au tri du textile en fonction de sa matière.
Le nouveau tunnel quant à lui a réduit les maintenances curatives ce qui libère à nouveau du temps de travail.

Moyens financiers :

Coût du nouveau tunnel : 1 M€ (entièrement financé en interne)
Les autres coûts liés aux partenariats avec l’ESAT et la revente aux particuliers concernent principalement la charge des bâtiments (pour le stockage du linge réformé et la location  du local où se fait la revente), le matériel de manutention et la personne d’Anett chargée de la formation de l’ESAT.

Moyens techniques :

Transport des textiles entre l’entreprise et l’ESAT.
Tunnels et produits nouveaux.

Partenaires moblisés :

La Direction Technique qui travaille avec les fournisseurs de produits lessiviels, de matériels pour réduire les consommations d’eau, d’énergie (tout en maintenant la qualité du process).
L’ESAT.

valorisation de cette expérience

Facteurs de réussite :

Actions totalement reproductibles à condition de trouver des partenaires adéquats (comme l’ESAT) et de travailler avec les fournisseurs à de nouvelles pratiques/solutions. La solution sur le linge réformé s’est aussi imposée en partie suite aux conditions de reprise de plus en plus exigeante des chiffonniers et par l’augmentation du prix du coton (facteur motivant pour réutiliser le textile existant).
Presque toutes les eaux de lavage peuvent être réutilisées, sauf celles de l’industrie (présence de limaille, couleur bleutée…). Après le changement du tunnel de lavage en 2009, des optimisations restent encore possible.

Difficultés rencontrées :

La volonté initiale de réduire les déchets de textiles a permis de créer un partenariat nouveau et durable, créateur d’emploi et de développer une offre nouvelle pour l’entreprise (gamme de chiffons diversifiés) qui plait aux clients.
De plus, l’offre de chiffons et le partenariat avec l’ESAT constituent une action très innovante et précurseur.

Recommandations éventuelles :

Il faut bien travailler et impliquer l’ESAT notamment en formant les éducateurs aux textiles (tri coton / polyester, etc.). De plus, la proximité géographique et relationnelle avec l’ESAT est un atout certain.
La communication aux clients sur cette offre doit être simple, claire et permettre un système de commande simplifié.
Il faut prévoir une place importante pour stocker le linge réformé.