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Mise en place de la consigne pour les bouteilles de vin du Jura consommées localement

Clus'Ter Jura

55 rue Basse
39570 CONLIEGE
Pierre Francois Bernard
Contact

contexte

Le projet J'aimes Mes Bouteilles, initié courant 2015, a reçu le soutien de l'ADEME pour son développement à l'été 2016. Il fut l'un des projets précurseurs en France en termes de consigne, et affichait des objectifs ambitieux de collecte de bouteilles de vin généralisée à tout un territoire.

Une étude de marché réalisée par le Clus’Ter Jura fin 2015 avait montré le fort taux d’intérêts des consommateurs et des lieux de consommation de vin pour une telle filière de réemploi ; en revanche, les viticulteurs étaient partagés (52% manifestant un intérêt), faisant remonter des freins d’ordre technique à la production de bouteilles compatibles avec le lavage (problématique des étiquettes adhésives, à 95% à colle insoluble) et des freins d’ordre technique et sanitaire à l’utilisation de bouteilles lavées (aspect qualitatif du lavage, risque éventuel de développement de bactéries ou de levures).

objectifs et résultats

Objectifs généraux :

L’objectif du projet était de mettre en œuvre un réseau de points de collecte des bouteilles, assurer la logistique depuis ces points de collecte pour faire laver les bouteilles et les revendre aux viticulteurs, de façon généralisée sur le territoire (et non en limitant la cible à tel ou tel producteur et son stock de bouteilles).

 

Par lots techniques :

  • R&D : expérimentations sur les bouteilles lavées afin de lever les freins techniques et sanitaires précemment identifiés. Être en mesure d’argumenter auprès des viticulteurs pour un changement de pratique et de leur assurer une qualité « comme neuves » des bouteilles lavées.
  • Collecte : développement de plusieurs canaux de collecte des bouteilles. Bouteilles consommées dans les cafés / hôtels / restaurants, bouteilles consommées par les particuliers, bouteilles consommées en dégustation sur les domaines viticoles, ... Avec récupération de celle-ci auprès des restaurants ; des magasins, GMS ou cavistes les commercialisant ; ou directement auprès des producteurs. Objectif 2016-2017 : mise en place et développement du réseau de collecte. Objectif 2017-2018 : passage à l’échelle et montée en cadence.
  • Transport, stockage, tri et lavage : lors de la phase de lancement du projet (2015-2016), un partenaire logistique fort ancré sur le territoire avait été identifié, capable de supporter transports, stockage, tri et lavage. Objectif  2016-2017 : test de la filière. Objectif 2017-2018 : passage à l’échelle et montée en cadence.  
  • Vente : inciter les viticulteurs à participer à la nouvelle filière, en tant que fournisseurs de bouteilles à laver et acheteurs de bouteilles lavées.Objectif 2016-2017 : mise en place, premières ventes ; Objectif 2017-2018 : passage à l’échelle et montée en cadence.

Outre ces aspects techniques, le projet J’aime Mes Bouteilles visait à initier / participer à une dynamique territoriale / nationale, afin de participer à la sensibilisation du public et à la mise en place d’un terreau favorable à la consigne sur le territoire jurassien et en France.

Objectifs quantitatifs :

2016-2017 : test de la filière ; des dizaines de milliers de bouteilles traitées.

2017-2018 : passage à l’échelle ; des centaines de milliers de bouteilles traitées.

Résultats quantitatifs :

2016-2017 : test de la filière, 50 000 bouteilles collectées, 18 000 bouteilles réutilisées gratuitement par le partenaire de lavage.

2017-2018 : la défection du partenaire logistique clef, en charge du transport, stockage, tri et lavage des bouteilles a porté un coup dur à la filière naissante. Il a fallu identifier de nouveaux partenaires ; l’organisation induite n’était plus optimisée et n’a pu porter autant de fruits qu’espéré. 43 000 bouteilles collectées, près de 10 000 bouteilles revendues à des viticulteurs pour embouteillage.

Résultats qualitatifs :
  • Tests R&D conduits comme prévus, permettant la levée de la majorité des freins techniques : les viticulteurs doivent utiliser des étiquettes adhésives à colle soluble s’ils veulent pouvoir fournir et acheter à la filière de réemploi ; les tests ont montré qu’ils pourraient garder leur design actuel d’étiquettes, à condition d’un travail de référencement plus riche d’étiquettes adhésives à colle soluble de la part des imprimeurs, moteurs au cours du projet. Freins sanitaires en partie levés : sous condition d’un embouteillage sous 15 jours max après lavage, le risque microbien est très faible dans le cas de l’utilisation de bouteilles lavées plutôt que neuves.
  • Réseau de points de collecte développé et étendu : magasins, cavistes, GMS, cafés/hôtels/restaurants et domaines viticoles ont répondu présents au démarchage (env. 30% de succès).
  • Problématiques logistiques suite à la défection du partenaire clef ; deux entreprises l’ont remplacé, l’une s’occupant des transports, stockage et tri, et l’autre du lavage et conditionnement. La qualité de la filière était moins bonne, du fait de problématiques de rupture de charge et de transports induits.
  • Quelques viticulteurs ont manifesté leur intérêt pour l’achat de bouteilles lavées ; ils maintiennent leur intérêt pour la filière à l’avenir.
  • 10 événements importants ont émaillé la vie du projet, à portée régionale ou nationale, avec tenue de stand et sensibilisation par l’équipe du Clus’Ter Jura.

Mise en oeuvre

Description de l'action :

Réalisation de tests de R&D, mise en place et développement du réseau de collecte, flux logistique conduisant au lavage des bouteilles, vente, communication et sensibilisation.

Planning :

2016-2017 : test de la filière ;

2017-2018 : passage à l’échelle et développement de la filière planifiés ; en réalité, reconstruction de la filière suite défection du partenaire clef.

Moyens humains :

2016-2017 : projet porté uniquement en interne au Clus’Ter Jura : un chargé d’affaires à fort taux d’implication sur le projet, épaulé par divers chargés d’affaires en fonction des besoins et des compétences.  

2017-2018 : projet porté par une porteuse de projet financée par un fonds de confiance et localisée à la Fruitière Vinicole d’Arbois. Soutien par divers chargés d’affaires du Clus’Ter Jura en fonction de ses besoins, de leur disponibilité et de leurs compétences.

Moyens financiers :

Aide de l’ADEME à compter de l’été 2016.

Soutiens financiers lors de la phase de lancement par Zéro Waste France et le Conseil Départemental du Jura.  

Moyens techniques :

Lors de la phase de lancement, les locaux du Clus’Ter Jura ont servi de lieu d’expérimentation de lavage des bouteilles, tout comme 3 entreprises de lavage situées sur le territoire ou dans des départements voisins.

Outils de communication et de sensibilisation ont été déployés afin de sensibiliser largement public, points de collecte et viticulteurs clients potentiels.

Partenaires moblisés :

Le Clus’Ter Jura s’est appuyé sur son réseau territorial de partenaires afin de développer une dynamique autour du projet. Un collectif de « décideurs » regroupant collectivités, entreprise logistique, laveurs, imprimeurs, magasins, GMS et viticulteurs a aidé à son développement.

valorisation de cette expérience

Facteurs de réussite :
  • Structure initiale porteuse ayant une capacité à fédérer divers acteurs sur le territoire.
  • Très bonne connaissance de la filière, avec le recrutement d’une personne y travaillant.
  • Avoir un outil adapté sur le territoire, où peut être concentrée toute la chaîne physique, sans rupture de charge.
  • La logistique inversée pour l’optimisation des transports et de leurs coûts.  
  • Une collecte qualitative pour éviter le transport, stockage et tri de contenants en verre non concernés par la filière de réemploi…

     
Difficultés rencontrées :
  • Projet ancré dans le monde agricole et ses contraintes (saisonnalité, habitudes, résistance au changement).
  • Bouleversement organisationnel au cours du projet, alors qu’une personne au profil commercial avait été recrutée. Les ressources en personnel n’étaient alors plus tout à fait adaptées à la conduite du projet…
  • Pas d’outil de lavage sur place. La défection de l’entreprise de lavage identifiée, idéalement placée et riche d’une palette de compétences logistiques, a porté un coup dur au projet.
  • Manque de financements pour lever deux freins à la portée importante au court-terme : pénurie de caisses CFP limitant la collecte, et soutien financier aux viticulteurs pour l’achat d’étiquettes adhésives à colle soluble pour une partie de leur volume de production.
Recommandations éventuelles :
  • Communiquer sur le projet à la bonne mesure et dans le bon tempo, ni trop tôt, ni trop tard.