Aide de l'ADEME
Ademe

économie circulaire et déchets
Deux dijonnaises partent du constat suivant :
Les deux porteuses créent l’association de préfiguration bocaux&co en mars 2021 avec pour objectif de développer le réemploi de ces emballages à l’échelle de la métropole dijonnaise (250 000 citoyen.ne.s).
C’est un projet d’économie circulaire, mais aussi solidaire qui vise au travers du réemploi à :
Avec le soutien financier des collectivités (Conseil régional Bourgogne Franche Comté, Conseil départemental de Côte d’Or, Ville de Dijon, Commission de quartier Dijon Sud) et de l’ADEME, l’association a mené une expérimentation en initiant un circuit de réemploi à l’échelle du sud dijonnais pendant 1 an (1er septembre 2021 au 31 août 2022).
Cette expérimentation est innovante :
Cette étude de faisabilité grandeur nature a consisté à mettre en œuvre les solutions agiles les moins impactantes et les plus efficaces pour les différentes étapes du circuit de réemploi (collecte/tri/traitement/valorisation) pour :
Une évaluation de l’impact environnemental, économique, sanitaire et social du réemploi des bocaux durant l’expérimentation a été menée, accompagnée par le cabinet DECODEX. Compte tenu du caractère expérimental du circuit de réemploi mis en œuvre, il est primordial d’analyser les résultats avec précautions : ils reflètent une tendance et constituent des points de repère pour pourvoir observer les évolutions à venir et identifier les freins et leviers pour développer un modèle de réemploi pérenne.
Dans le cadre de l’expérimentation menée de septembre 2021 à août 2022 (et les conditions agiles dans lesquelles elle a été menée), l’étude permet d’observer les éléments suivants :
sur le circuit de réemploi expérimental :
sur la faisabilité d’une filière de réemploi à construire :
sur le projet :
bocaux&co a donc initié une dynamique du réemploi et l’expérimentation donne de la légitimité/crédibilité au projet vis-à-vis des acteurs déjà impliqués. L’étude permet de disposer d’éléments concrets pour aller en rencontrer de nouveaux et a permis d’acquérir des compétences, une expertise et de la visibilité.
Plus largement, l’expérimentation a permis d’initier un dispositif d’accompagnement au changement, en rappelant et expliquant que le réemploi est largement plus vertueux que le recyclage (qui apparaît souvent comme la seule solution). La sensibilisation et l’éducation citoyenne, si elles étaient présentes dès l’origine du projet, sont apparues progressivement comme des enjeux majeurs du projet, répondant en cela à une attente forte, des professionnels comme des particuliers, pour traduire en actions concrètes leur choix de s’engager dans le réemploi.
bocaux&co s’attachant à la ressource existante, il était important de ne pas limiter dès le départ le type de bocaux collectés. Des affiches disposées dans les points de collecte ainsi qu’une communication large (presse, réseaux sociaux, stands) ont indiqué aux citoyens que bocaux&co collectait tout type de bocaux lavés (sans restes alimentaires), si possible sans étiquette, avec ou sans capsule.
Collecte
En septembre, l’expérimentation a débuté avec 8 points de collecte partenaires. Le 28 janvier, le circuit s’étend à un 9e point de collecte : la boutique-atelier de bocaux&co (local mis à disposition par la Ville de Dijon) qui donne de la visibilité au projet et permet de tester la vente aux particuliers. Ces 9 points de collecte sont accessibles au public (selon des modalités d’ouverture différentes). Un 10e point de collecte rejoint le circuit à compter de mai 2022 : la micro-crèche Achille et Camille située avenue Jean-Jaurès à Chenove. Ce point de collecte n’est pas ouvert au public mais permet de collecter les bocaux dans lesquels sont livrés les repas des enfants.
Après différents tests, le ramassage des points de collecte est confié à Envie, entreprise d’insertion spécialisée dans la collecte et la réparation des appareils électroménager. Durant l’expérimentation, Envie effectue le ramassage chaque semaine, afin de permettre d’observer l’évolution des quantités de bocaux collectés par point de collecte.
Tri
Le tri est réalisé par les bénévoles de l’association. L’un des freins au réemploi étant la diversité des modèles, le tri est une étape stratégique car il nécessite de définir des clés de tri en fonction des modèles collectés (pour constituer des séries) mais aussi en fonction des modèles qui intéressent les professionnels locaux. A l’issue de l’expérimentation, les clés de tri définies concernent : 5 familles (twist off, weck, familia wiss, articulés, autres) et 19 modèles au sein de la famille twist off.
Traitement
Le traitement inclut le prélavage, le déshabillage si nécessaire et le lavage. Durant l’expérimentation, il est réalisé par des bénévoles encadrés par la salariée de bocaux&co, dans un des espaces de la boutique-atelier équipé d’un lave-vaisselle professionnel (acquis par l’association en seconde main). Le process de lavage est clairement défini dans le cadre du plan de maîtrise des risques sanitaires élaboré avec le CERD (Centre d’études et de ressources sur la diversification). Des auto-tests et des test réalisés par le Laboratoire départemental de Côte d’Or ont permis de confirmer la conformité des bocaux traités avec les normes HACCP, élément essentiel pour rassurer les professionnels sur la qualité des bocaux réemployés.
Conditionnement
bocaux&co s’est équipé de :
Le stockage des bocaux triés (qui ne sont traités que si une possibilité de valorisation devient certaine) est effectué durant l’expérimentation dans un local appartenant à l’une des co-porteuse.
Au fil des mois et des échanges avec les différents acteurs rencontrés, bocaux&co a développé une offre structurée en 3 activités :
Cette offre a fait l’objet de différentes grilles tarifaires, élaborées en concertation avec les acteurs impliqués. L’objectif de cette co-construction était d’estimer le prix « juste » auquel les « clients » pouvaient consentir.
Expérimentaiton : septembre 2021-août 2022
Etude complète livrée en janvier 2023 / Synthèse réalisée en mars 2023
Le réemploi c’est de l’emploi, c’est-à-dire essentiellement du temps humain. C’est pourquoi dès le début du projet, les porteuses ont affirmé la nécessité pour l’association de pouvoir compter une personne salariée. Des moyens humains ont été également mobilisés chez certains de nos partenaires.
L'implication des bénévoles dans la vie de l'association et la mise en oeuvre du circuit a été très importante et très engagée.
Le budget de l’expérimentation se monte à environ 80 000 € pour les 12 mois. Les recettes (ventes/location, animations, adhésions) représentent environ 20 % du budget de l’expérimentation. Les collectivités (Région, Département, Ville) et l’Ademe ont accompagné financièrement l'expérimentation (innovation, impacte environnemental, lien social).
Les moyens techniques mobilisés ont été choisis selon 2 critères principaux :
Un grand nombre de partenaires ont embarqué dans l'expérimentation à divers titres :
- institutionnels : outre les collectivités locales et l'Ademe,
- professionnels : conserveurs/transformateurs, restaurateurs/traiteurs, acteurs du réemploi, réseaux locaux/régionaux/nationaux (dont le Réseau Consigne)
- particuliers : adhérents/bénévoles
D'un point de vue opérationnel, la mobilisation des points de collecte (épiceries, lieux de réemploi ou d'éducation populaire) et des citoyen.ne.s a été un élément majeur de la réussite de l'expérimentation.
Plusieurs éléments ont contribué à la réussite de l'expérimentation :
- le contexte bien sûr : réglementation de plus en plus contraignante sur les emballages à usage unique, pénurie de matière première et d'énergie qui nous amène à rechercher de nouvelles solutions
- l'opérationnalité du projet : être tout de suite dans la "production" de bocaux réemployés a permis de donner de la crédibilité et de la légitimité au projet
- un lien fort avec le territoire et ses acteurs : qui a permis de trouver et mettre en place de façon agile des solutions simples
- le caractère innovant (partir de la ressource existante)
Sans surprise, bocaux&co a dû faire face à deux difficultés majeures :
- le manque de temps : allier le développement et l'opérationnel nécessite des rythmes et des investissements en temps différents ; faire et se regarder faire sont difficiles à concilier, d'autant plus lorsque l'on initie une nouvelle filière qui ne peut se développer que sur un temps long
- le modèle économique : le marché du neuf propose une gamme de prix qui conditionne encore aujourd'hui le prix du marché du réemploi, l'idée largement répandue étant que le réemploi est moins cher que le neuf ; or, en produisant un bocal réemployé, on produit bien plus qu'un bocal (moins d'impact, économie locale, lien social, accompagnement au changement), il faut parvenir à révéler toutes ces valeurs pour permettre de parvenir à un modèle économique pérenne (c'est l'enjeu de la tranjectoire de l'Economie de la fonctionnalité et de la coopération empruntée par bocaux&co en 2023)